| KAREL APPEL |
Karel Appel,
C’est une peinture qui tente la voie de l’immédiateté sans s’encombrer du débat dominant de l’époque, les années 50, entre figuration et abstraction.L’immédiateté c’est pour Karel Appel l’impulsivité, le geste qui prime sur l’idée, y compris et surtout contre toute forme de dogme qui pourrait brider cette énergie.
C’est ce qui a défini le bref mouvement Cobra (COpenhague, Bruxelles, Amsterdam) qui n’est d’ailleurs pas un mouvement isolé.
En effet, bien d’autres mouvements en ont appelé au retour au primitivisme, à l’art brut, l’art naïf dépouillé de l’intellectualisme occidental qui a assisté médusé à deux guerres qui furent comme des homicides de l’humanité elle même.
Le mouvement Cobra revendique, veut retrouver la naïveté prétendue et fantasmée du sauvage. Le mouvement Cobra est donc aussi bien tributaire du surréalisme pour l’appel à l’inconscient que de l’expressionnisme pour sa brutalité, son désespoir.
Ce courant d’un art plus physique est général dans les années 50: Action Painting, Gutai, etc. Cependant la revue Cobra n’aura duré qu’une année, or Karel Appel a été rangé définitivement sous cette bannière. L’un des buts de cette rétrospective au Centre Pompidou était précisément de montrer de Karel Appel autre chose que la manière Cobra.
Pas d’huile dans cette exposition, il est donc bien difficile de voir la différence avec ce qui caractérise pour tout un chacun le style Cobra de Karel Appel, à savoir des mouvements amples, violents et rapides dans une matière picturale aussi épaisse que la gangue originelle.
Par contre on pouvait voir beaucoup de pastels, dessins, fusains, etc.
Effectivement on découvre un Karel Appel relativement nouveau. C’est toute une mythologie personnelle échafaudée autour des grands mythes scandinaves qui apparait. Mythologie constituée d’un bestiaire d’animaux aux formes archaïsantes et de divinités orgiastiques. Mais il y a aussi tout un imaginaire de l’enfance, ou plutôt qui s’inspire de l’âge encore vierge de toute culture. Car ces representations “naïves” ne sont absolument pas enfantines, elle sont hantées par la violence et la cruauté des hommes. Les visages grimacent, les corps sont contorsionnés, à l’image des bas reliefs médiévaux figurant la tentation et les enfers.
L’expressionnisme sauvage de Cobra est donc bien là mais avec un contenu recurrent, un système d’éléments narratifs ou plutôt d’une iconographies celebrant ce qu’il y a de plus viscéral chez l’homme. C’est en quelque sorte plus structuré que les huiles tumultueuses que l’on connait de Karel Appel, mais l’aspect régressif (revendiqué) et barbare (étranger), voulant échapper au formatage culturel persistent.
Ce n’est pas étonnant, et c’est ce qui fait la force de cette œuvre qui veut se dépouiller autant qu’il est possible et exprimer une sorte d’humanisme lucide et fondé sur l’empathie.
Voir aussi:
Miquel Barcelo
Gutaï
Ronan Barrot
©Karel Appel.
Courtesy Centre Georges Pompidou.