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lundi 11 avril 2016

Katinka Lampe, les masques du portrait.


Katinka Lampe, au salon d’art contemporain: Art Paris Art Fair.


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©Katinka Lampe. Courtesy galerie Les Filles du Calvaire.

Katinka Lampe, peint des portraits sans pour autant tenter de rendre quoique ce soit de la personne portraiturée. Rien à voir donc avec les grands noms du portrait classique ou moderne. Pas de volonté à la Giacometti de vouloir rendre l’échelle, la dimension du modèle toujours inaccessible, encore moins le souci à la Lucian Freud de se battre avec la matière picturale pour rendre la présence physique, son malaise ou sa facilité à être exposé nu. Il n’y a pas non plus de volonté de rendre la représentation sociale ou symbolique des grands classiques.

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©Katinka Lampe. Courtesy galerie Les Filles du Calvaire.

Katinka Lampe, à l’époque des “selfies”, se concentre tout d’abord sur les jeunes gens, adolescents ou jeunes adultes et les figure dans une manière qui mime le classicisme ou la pré-renaissance. Cette manière semble être là pour marquer une distance supplémentaire à des portraits déjà, par la pose du modèle, presque clos. Les visages représentés se refusent au dialogue, soit ils sont fermés, détournés, masqués, soit ils sont rebelles et provocateurs.

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©Katinka Lampe. Courtesy galerie Les Filles du Calvaire.

On ne sent pas non plus d’affinité entre le peintre et son modèle. Katinka Lampe peint donc des archétypes, des stéréotypes, des attitudes et s’évertue à en faire des masques, des “personas”, (per-sonare : «parler à travers »). Ces figures sont les masques d’une subjectivité polysémique, en écho, en réseau et vidée de sa substance comme le son souvent ces clichés, aux deux sens du terme, qui abondent sur les réseaux sociaux, où ce qui est donné n’est souvent qu’un noeud d’une
identité forgée en rhizome, dans la théâtralité de relations virtuelles et factices.
D’ailleurs petit détail révélateur et amusant, les titres des œuvres de Katinka Lampe se réduisent à un nombre énigmatique, qui pourrait être celui d’une archive ou d’une adresse internet d’une image perdue parmi tant d’autres.

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©Katinka Lampe. Courtesy galerie Les Filles du Calvaire.

Néanmoins, le plus fascinant des “portraits” exposés à la galerie Les Filles du Calvaire lors du salon Art Paris Art Fair de Katinka Lampe est peut-être le plus direct. Une jeune fille couverte d’une résille et qui nous défie ostensiblement. Cette jeune femme ne dit rien d’elle mais nous interpelle, elle est belle et désagréable. C’est ce qui force notre regard !.

KATINKA LAMPE | Art Paris Art Fair. Galerie Les Filles du Calvaire, Paris.




Voir aussi:

Carla Van De Puttelaar, le nu photographique comme portrait.
Michael Borremans, peinture et mise en scène.
Jenny Saville et le nu féminin.
Simon Evans, notes du quotidien et mandalas.
Co-workers

Site de l’artiste.



Crédits:

©Katinka Lampe
Courtesy galerie Les Filles du Calvaire
Photographies: Thierry Grizard.


SONG HYUN-SOOK | Peindre comme une ascèse.

Song Hyun-Sook,

est une artiste peintre coréenne, (Corée du Sud, 1952, vit en Allemagne), qui utilise la tempera (jaune d’œuf et pigment) pour faire advenir des œuvres qui se situent entre le minimalisme occidental et une figuration allusive qui se rattache à la tradition des peintres calligraphes asiatiques.

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©Song Hyun-Sook. Courtesy Ditesheim & Maffei Fine Art.

En effet, Song Hyun-Sook exécute ses œuvres en un nombre de gestes minimaux à l’instar d’un Chu Ta ou Shitao par exemple.

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Elle compare elle même ses tableaux à des Haiku d’où provient cette dimension narrative condensée aussi bien dans les gestes que l’anecdote qui doit se réduire à un moment singulier, une hecciété.
On sent cette tension de l’exécution qui consiste à peintre d’une traite avec un seul coup de brosse ou quelques-uns mais connectés dans la continuité du geste. Les titres des œuvres reflètent cette intention, “One brushstroke”, “Ten brushstrokes”, etc.



A voir à Art Paris Art Fair, édition 2016.
Song Hyun-Sook est également représentée par la galerie Ditesheim & Maffei Fine Art.

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©Song Hyun-Sook. Courtesy Ditesheim & Maffei Fine Art.


Extraits d’un entretien de Song Hyun-Sook avec Jacqueline Garwood réalisé en 2012 pour Inside HK.
« It’s not a process where I start and stop. I have to do it in the moment, so I can’t pause. I have to prepare myself to do that. »
« I have to capture the emotion in one moment. »
« It’s the same thing with calligraphy. You have an order to follow when you draw a character. You can say there are 20 strokes, and then you see the character happening from beginning till end. »
« I think more about painting as a science to do research about painting itself; I see myself as a researcher of painting. »



Voir aussi:




Crédits:

  • ©Song Hyun-Sook
  • Courtesy galerie Ditesheim & Maffei Fine Art.

dimanche 10 avril 2016

Matt Connors, une abstraction sensuelle !

MATT CONNORS | 

Abstraction et sensualité. Galerie Xavier Hufkens.

 

Matt Connors, ou quand l’abstraction géométrique devient sensuelle.


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©Matt Connors. Courtesy Xavier Hufkens.

Matt Connors ,(1973, Chicago), a droit à sa première exposition personnelle à la galerie Xavier Hufkens.

Matt Connors est un peintre américain qui reprend les grands thèmes du Minimalisme et de l’Abstraction Géométrique mais avec la distance rétrospective du post-modernisme jusqu’aux apports de l’ère numérique, plus de néoplatonisme, d’aspect doctrinal ou plus ou moins métaphysique dans la démarche de Matt Connors.

C’est une abstraction des sens, des rapports entre couleurs, formes et transparences avec la légèreté propre à l’âge de la déferlante visuelle.

Les expositions de Matt Connors sont faites de rebonds entre des œuvres qui sont soit purement picturales, soit en volume sous forme d’objets proches du design.

Les séries sur les additions, soustractions, et transparences sont comme des pauses dans le flux des signes. Une pause pourtant sans mysticisme à l’inverse de beaucoup des tenants de l’abstraction, ici l’on est dans une peinture, un art visuel particulièrement sensuel et où l’on est souvent convier à comprendre pourquoi l’œil parait troublé par des aplats qui ne le sont pas et des complémentaires qui donnent de la profondeur.


A voir à la galerie Xavier Hufkens, jusqu’au 23 avril 2016.

MATT CONNORS | « stud/file ».

Galerie Xavier Hufkens, Bruxelles.
Du 12 mars au 23 avril 2016.


Voir aussi


Crédits:

  • ©Matt Connors.
  • Courtesy galerie Xavier Hufkens.



jeudi 7 avril 2016

ALBEROLA | Mais avec quoi ça rime ?

 

Alberola, dans sa démarche est un artiste au pied léger qui affleure avec humour et distance le réel.


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©Jean-Michel Alberola. Courtesy Palais de Tokyo

Ce qui caractérise le travail d’Alberola, au vu de la rétrospective que lui consacre la Palais de Tokyo, c’est le questionnement avant tout non pas le la Peinture mais du quotidien. Beaucoup des pièces exposées ne sont pas des œuvres autonomes mais autant de maillons d’un entretien intime avec le réel, la vie en société.




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©Jean-Michel Alberola. Courtesy Palais de Tokyo

L’œuvre d’Alberola est traversée par la relation au langage et le signifié plus que le sens des choses. L’on entrevoit des jeux de mots et formes qui sont comme les miroirs subtils de moments singuliers.


La forme ici est presque toujours une interrogation en forme de rébus qui est probablement une évocation pudique et détournée de tel ou tel événement privé ou public du moment.



L’œuvre est un donc une sorte de journal qui à travers le dialogue érudit avec les formes picturales, photographiques, cinématographiques ou Pop Art tente de rendre
compte de l’étonnement presque ingénu face à la complexité et la singularité de la vie de l’homme comme “animal politique”.

C’est un autre élément notable chez Alberola, il ne s’agit presque toujours que des humains et de leur environnement matériel et social. Il n’y a pas ou peu de référence à la Nature ou le paysage dans le travail d’Alberola.

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©Jean-Michel Alberola. Courtesy Palais de Tokyo
Hormis la période de jeunesse un peu académique, quoique formellement séduisante, le travail d’Alberola s’égrène donc comme un carnet de notes protéiforme. C’est souvent positif, humoristique, léger comme un gai savoir qui refuse de s’appesantir sur la gratuité des choses et au contraire essaie d’y adhérer et d’en rendre compte avec subtilité.
C’est bourré d’intelligence sans pédanterie.
C’est à voir au Palais de Tokyo jusqu’au 16 mai 2016.

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©Jean-Michel Alberola. Courtesy Palais de Tokyo 


JEAN-MICHEL ALBEROLA | L’aventure des détails

Palais de Tokyo
Du 19 février au 16 mais 2016.


Voir aussi:


Crédits:

  • ©Jean-Michel Alberola
  • Courtesy Palais de Tokyo