Katinka Lampe, au salon d’art contemporain: Art Paris Art Fair.
©Katinka Lampe. Courtesy galerie Les Filles du Calvaire. |
Katinka Lampe, peint des portraits sans pour autant tenter de rendre quoique ce soit de la personne portraiturée. Rien à voir donc avec les grands noms du portrait classique ou moderne. Pas de volonté à la Giacometti de vouloir rendre l’échelle, la dimension du modèle toujours inaccessible, encore moins le souci à la Lucian Freud de se battre avec la matière picturale pour rendre la présence physique, son malaise ou sa facilité à être exposé nu. Il n’y a pas non plus de volonté de rendre la représentation sociale ou symbolique des grands classiques.
©Katinka Lampe. Courtesy galerie Les Filles du Calvaire. |
Katinka Lampe, à l’époque des “selfies”, se concentre tout d’abord sur les jeunes gens, adolescents ou jeunes adultes et les figure dans une manière qui mime le classicisme ou la pré-renaissance. Cette manière semble être là pour marquer une distance supplémentaire à des portraits déjà, par la pose du modèle, presque clos. Les visages représentés se refusent au dialogue, soit ils sont fermés, détournés, masqués, soit ils sont rebelles et provocateurs.
©Katinka Lampe. Courtesy galerie Les Filles du Calvaire. |
On ne sent pas non plus d’affinité entre le peintre et son modèle. Katinka Lampe peint donc des archétypes, des stéréotypes, des attitudes et s’évertue à en faire des masques, des “personas”, (per-sonare : «parler à travers »). Ces figures sont les masques d’une subjectivité polysémique, en écho, en réseau et vidée de sa substance comme le son souvent ces clichés, aux deux sens du terme, qui abondent sur les réseaux sociaux, où ce qui est donné n’est souvent qu’un noeud d’une
identité forgée en rhizome, dans la théâtralité de relations virtuelles et factices.
D’ailleurs petit détail révélateur et amusant, les titres des œuvres de Katinka Lampe se réduisent à un nombre énigmatique, qui pourrait être celui d’une archive ou d’une adresse internet d’une image perdue parmi tant d’autres.
©Katinka Lampe. Courtesy galerie Les Filles du Calvaire. |
Néanmoins, le plus fascinant des “portraits” exposés à la galerie Les Filles du Calvaire lors du salon Art Paris Art Fair de Katinka Lampe est peut-être le plus direct. Une jeune fille couverte d’une résille et qui nous défie ostensiblement. Cette jeune femme ne dit rien d’elle mais nous interpelle, elle est belle et désagréable. C’est ce qui force notre regard !.
KATINKA LAMPE | Art Paris Art Fair. Galerie Les Filles du Calvaire, Paris.
Voir aussi:
Carla Van De Puttelaar, le nu photographique comme portrait.Michael Borremans, peinture et mise en scène.
Jenny Saville et le nu féminin.
Simon Evans, notes du quotidien et mandalas.
Co-workers
Site de l’artiste.
Crédits:
©Katinka LampeCourtesy galerie Les Filles du Calvaire
Photographies: Thierry Grizard.